Les exigences relatives au développement durable concernent tous les départements de l’entreprise, notamment les services financiers. Dans cet article, nous nous intéresserons au rôle de la comptabilité carbone dans la gestion financière, aux défis liés au reporting ESG, ainsi qu’aux raisons et aux moyens employés pour mesurer plus précisément l'empreinte carbone. Afin de bénéficier de perspectives de terrain récentes, nous avons interrogé des responsables financiers et des experts ESG à ce sujet.
La comptabilité carbone dans le domaine de la finance désigne le processus systématique de mesure, d'enregistrement et d'analyse des émissions de gaz à effet de serre (CO2 et équivalent) générées par les activités et les dépenses d’entreprise.
L'objectif de la comptabilité carbone, également appelée mesure de l’empreinte carbone, est de quantifier les émissions et d’en rendre compte afin de comprendre, de gérer et de réduire l'impact environnemental d'une entreprise. Elle inclut les éléments suivants :
Le début de l'année 2024 a été un moment charnière pour la comptabilité carbone. En effet, l’entrée en vigueur de la directive sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD) oblige environ 50 000 entreprises opérant dans l'Espace économique européen à publier en 2025 leurs données de durabilité concernant l'exercice 2024.
Selon Raquel Orejas, Product Marketing Manager chez Payhawk :
« Lorsque les données relatives à la comptabilité carbone sont facilement accessibles, les équipes financières peuvent en tirer parti pour prendre des décisions stratégiques, comme déterminer les possibilités de réduction des coûts liés à la consommation d'énergie, mettre en œuvre de politiques de déplacements professionnels spécifiques ou encore sélectionner les fournisseurs et les partenaires. De manière générale, toutes les équipes, et pas seulement les services financiers, devraient se servir des données liées aux émissions afin de contribuer à la planification à long terme ou encore de s'adapter aux nouvelles tendances en matière de durabilité, aux nouvelles exigences réglementaires et, surtout, aux préoccupations écologiques de plus en plus fortes des consommateurs. »
Au-delà de la conformité avec la réglementation, qui s’impose comme une évidence, les spécialistes de la finance seront mieux à même de prendre des décisions éclairées pour atténuer l'impact de leur entreprise sur l'environnement s’ils prêtent davantage attention à leur comptabilité carbone. Par ailleurs, la durabilité d'une entreprise va devenir un facteur de plus en plus crucial pour sa compétitivité : l’atténuation des risques pour l'environnement aide à entretenir une bonne réputation, ce qui a des implications directes sur les performances financières.
Afin de plonger plus en détails dans l'aspect financier de la question, nous avons demandé à trois de nos clients de décrire le rôle de la durabilité environnementale dans le domaine financier.
Selon Tsvetomir Uzunov, directeur financier chez Discordia : « Au cours de la dernière décennie, la durabilité est devenue une question de plus en plus prépondérante dans le secteur financier. Les obligations réglementaires de plus en plus nombreuses et complexes, alliées à la nécessité d'évaluer et de gérer l'impact de ces facteurs sur le risque lié aux investissements, le rendement et la performance financière globale, impliquent que la durabilité est vouée à jouer un rôle central pour les services financiers. Les équipes devront contribuer à l'élaboration de stratégies financières durables, en alignant les investissements sur la création de valeur à long terme et sur l'évolution des besoins et des attentes des diverses parties prenantes (clients, fournisseurs, investisseurs, employés, etc.). »
Serkan Yüksel, Digital Transformation Lead Finance chez Hypoport insiste également sur ce point : « La prise en compte de la durabilité dans le domaine comptable est cruciale pour garantir la prise de décisions financières responsables. Le service financier a un rôle essentiel à jouer dans l'élaboration de mesures et d'indicateurs de performance durables. Il en va de sa responsabilité de rendre compte et de communiquer de manière transparente sur l'impact financier des projets de développement durable. »
Enfin, Anna Bukowski, responsable de la gestion de la qualité, de l'ESG et de l'intégration des entreprises chez Plaion GmbH, en Autriche, ajoute : « Au cours des prochaines années, la durabilité et la réduction des émissions de CO2 vont devenir des critères de plus en plus essentiels dans tous les domaines d’activité, et pas seulement la finance. En conséquence, les entreprises doivent redoubler d’efforts afin de mettre en place et de mener à bien des initiatives environnementales et sociales. »
L'intégration des critères ESG dans la finance garantit une gestion efficace des coûts et favorise la durabilité, l’éthique et la responsabilité sociale tout au long de la chaîne logistique.
Serkan Yüksel déclare à ce sujet :
« En tant que société cotée sur le marché boursier, nous sommes tenus de publier un rapport de durabilité une fois par an. Nous faisons de notre mieux pour calculer la quantité de CO2 émise tout au long de nos chaînes de valeur et logistique. Lorsque nous sélectionnons de nouveaux outils, nous nous assurons qu’ils permettent de mesurer les émissions de gaz à effet de serre. Quand nous développons de nouveaux business models et de nouveaux produits, nous veillons également à adopter dès la phase d'investissement une approche durable qui garantit un faible taux d'émission. »
Tsvetomir Uzunov ajoute :
« Notre activité principale n'est pas encore directement soumise au système d'échange de quotas d'émission ni à la taxation carbone. Cela va changer avec la deuxième version du Système d’échange de quotas d’émission (SEQE 2), dont l'entrée en vigueur est actuellement prévue pour 2027. D’ici là, nous avons deux ambitions principales : d’une part, mieux sélectionner les achats et, si nécessaire, ajouter des critères d'exclusion pour les fournisseurs qui n'intègrent pas suffisamment le développement durable dans leurs valeurs fondamentales et leurs opérations ; d’autre part, bâtir un modèle transactionnel pour l’empreinte carbone en offrant aux clients des services différenciés en matière de durabilité, qui leur permettent de bénéficier d’un rapport prix/empreinte carbone optimal. »
Une comptabilité carbone précise et efficace nécessite de l’engagement, de la collaboration et des solutions technologiques spécifiques. Plusieurs obstacles empêchent les entreprises de mesurer leurs émissions de manière satisfaisante – et a fortiori précise :
La gestion des données se situe au cœur de ces problématiques. La question est de savoir où les trouver, de s’assurer qu’elles sont de qualité et d’être en mesure de les analyser et d’en tirer avantage pour prendre les meilleures décisions possibles. Des données incomplètes, obsolètes et indisponibles constituent un problème particulièrement difficile à surmonter dans le cas des émissions indirectes (scopes 2 et 3). Nous avons recueilli les retours d’expérience de nos clients sur ce sujet.
Selon Anna Bukowski, responsable de la gestion de la qualité, de l'ESG et de l'intégration des entreprises chez Plaion GmbH, en Autriche :
« Le plus grand défi consiste à calculer l'empreinte carbone des produits, car de nombreuses entreprises ne disposent pas directement des émissions de scope 3. L'un des plus grands problèmes pour les entreprises du secteur de la grande distribution, par exemple, réside dans le calcul des émissions liées au transport. »
Serkan Yüksel ajoute :
« La quantification des données relatives à l'empreinte carbone pose problème. Il est souvent difficile d'obtenir des données fiables et précises sur les émissions. L'absence de procédures de reporting normalisées ou de sources de données claires peut entraîner des incertitudes dans les mesures. »
Enfin, Tsvetomir Uzunov conclut :
« Comme beaucoup d'autres entreprises, le plus grand défi auquel nous sommes confrontés concerne les émissions de scope 3. Celles-ci incluent les émissions indirectes liées aux activités en amont ou en aval de l'organisation et peuvent être très difficiles à déterminer avec précision. La complexité de la chaîne logistique et le manque de données structurées et fiables rendent leur quantification complexe.
Voici deux exemples qui illustrent ce problème :
1er exemple : Notre entreprise de transport loue ou prend en leasing des centaines de nouveaux camions et remorques chaque année. Nous louons des pneus pour ces véhicules et avons besoin de nombreuses pièces détachées. Les chaînes logistiques pour ces produits sont assez longues et complexes.
2e exemple : Notre entreprise de transport de marchandises travaille avec des centaines de fournisseurs, souvent des PME, qui ne tiennent pas à jour et ne peuvent pas fournir suffisamment de données fiables sur l'équipement qu'ils utilisent et/ou sur la mise en œuvre opérationnelle de ces livraisons. »
La comptabilité carbone contribue à créer un environnement plus sain, mais elle s’accompagne également d’avantages économiques tangibles et, dans un paysage économique mondial qui évolue rapidement, elle permet aux entreprises de s’engager sur la voie de la réussite à long terme.
Outre ces effets positifs sur l'environnement, en optimisant leur comptabilité carbone, les entreprises peuvent également en tirer des avantages dans les domaines suivants :
Afin de délaisser des ensembles de données éparses sur le développement durable au profit de rapports précis et normalisés, les équipes financières doivent prêter une attention particulière à trois aspects de la comptabilité carbone :
1. L’alignement des objectifs financiers et environnementaux
Pour avoir un véritable impact sur l'environnement, le développement durable doit être considéré comme un objectif de premier plan au sein de l'entreprise.
2. La collaboration entre les départements en charge des finances et du développement durable
L'alignement fondamental de la finance et de la RSE favorise la création d’un environnement dans lequel les équipes peuvent collaborer afin de maximiser leur impact.
3. Les outils technologiques
Au quotidien, la technologie convertit les objectifs et les discours sur le développement durable en actions et en transformations concrètes. La prise en charge de la mesure et du suivi de l'empreinte carbone devrait figurer parmi les principaux critères de sélection des solutions de gestion financière.
Raquel Orejas, Product Marketing Manager chez Payhawk, nous explique comment la technologie aide les équipes financières dans leurs efforts en matière de développement durable :
« Dans le domaine du développement durable, et plus particulièrement en ce qui concerne la comptabilité carbone, deux éléments sont systématiquement cités : la précision et l'automatisation. La technologie permet de collecter et d’analyser automatiquement de vastes quantités de données, ce qui améliore la précision et la fiabilité de la comptabilité carbone. Les systèmes automatisés réduisent le risque d'erreur humaine associé à la saisie manuelle des données et aux calculs. Chez Payhawk, nous aidons nos clients à calculer automatiquement les émissions liées à toutes leurs dépenses par carte, en nous appuyant sur le protocole GHG pour une précision optimale. »
Enfin, nous avons interrogé nos clients sur les mesures qu'ils prennent dans le domaine financier afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Anna Bukowski, responsable de la gestion de la qualité, de l'ESG et de l'intégration des entreprises chez Plaion GmbH, en Autriche, répond :
« Il est particulièrement important de réduire les émissions de gaz à effet de serre en lançant des projets écologiques et en soutenant des initiatives locales. Par exemple, de nombreuses entreprises utilisent déjà de l'électricité verte et installent des systèmes photovoltaïques. La rénovation des anciens bâtiments peut également contribuer à la réduction de nos émissions carbone. »
Selon Tsvetomir Uzunov, directeur financier chez Discordia :
« Notre action repose sur trois piliers principaux : 1) structurer, collecter et fournir des données fiables pour 2) s’assurer de notre conformité avec la réglementation et 3) prendre en charge l'évolution et l'adaptation de notre business model. »
Pour Serkan Yüksel de Digital B Hypoport :
« Nous nous efforçons tout particulièrement d’obtenir des données détaillées sur les émissions. Des solutions comme Payhawk nous apportent une aide considérable en nous fournissant des calculs des émissions de CO2 liées à nos dépenses. Nous utilisons ces calculs et d'autres méthodes pour obtenir l'image la plus complète et la plus précise de notre empreinte carbone, afin de générer des rapports à l'échelle du groupe et de surveiller l’évolution des tendances. »
Suivi des émissions carbone, reporting ESG… Bien comprendre l'impact environnemental de votre entreprise et de votre chaîne logistique représente un travail considérable.
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